04/05/2010
OMD

Les objectifs en matière d'eau et l'assainissement seront atteints en… 2200

En 2000, le monde a fait la promesse que la moitié des 2,6 milliards de
personnes sans eau potable ni installations d'assainissement de base y
auraient accès d'ici 2015, mais les pays pauvres auront besoin de 18,4
milliards de dollars supplémentaires par an pour atteindre cet Objectif
du millénaire pour le développement – OMD, qui, à ce rythme ne sera
réalisé qu'en 2200. En 1997, 8 % de l'aide au développement étaient
affectés à l'eau et l'assainissement ; en 2008, cette part  est passée à
5 % seulement – soit moins que les aides dédiées à la santé,
l'éducation, les transports, l'énergie et l'agriculture, d'après le
rapport GLAAS, Évaluation annuelle sur l'assainissement et l'eau potable
dans le monde, Global Annual Assessment of Sanitation and
Drinking-Water, publié par le Fonds des Nations enies pour l'enfance –
UNICEF, et l'Organisation mondiale de la santé – OMS. Le département
britannique pour le développement international a affecté seulement 2,7 %
de ses financements à ce secteur en 2008-2009. De plus, l'essentiel de
cette aide mondiale a été accordé à des pays à revenu intermédiaire, les
pays à faible revenu n'en recevant que 42 %, d'après l’ONG WaterAid.
"La lenteur des progrès réalisés par les donateurs à l'échelle mondiale
freine les progrès sur tous les Objectifs du millénaire pour le
développement, y compris [ceux concernant] la mortalité infantile et la
scolarisation des filles au niveau de l'école primaire",
explique
Henry Northover, responsable des politiques de WaterAid. "L'assainissement
est l'intervention de développement qui produit le plus de résultats en
termes de santé publique, mais vous auriez du mal à trouver un seul
donateur qui donne la priorité à l'assainissement dans les pays à faible
revenu".
Dans le cadre d'évaluations de la pauvreté, on observe que
les populations pauvres de Zambie, d'Ouganda, du Nigeria et du Cameroun
classent généralement l'eau potable en première position de leurs
priorités. "Nous pensons que si les pauvres ne sont pas entendus
lorsqu'ils classent systématiquement l'eau en première position, c'est
en partie parce que c'est pour les femmes que le fardeau [d'aller
chercher de l'eau chaque jour] est de loin le plus lourd, et que,
souvent, la voix [des femmes] est peu entendue"
, note M. Northover.

Le 22 avril, des ministres et décideurs politiques de 30 pays ont
participé à la première "réunion de haut niveau" sur l'eau et
l'assainissement à Washington, aux États-Unis, où ils ont discuté de
l'action politique et financière nécessaire pour accélérer l'accès à
l'eau et l'assainissement. Des ONG ont a cette occasion appeler les
gouvernements à inverser la répartition des aides dans le domaine de
l'eau et de l'assainissement, de façon à ce que 70 %  de l’effort soient
affectés aux pays à faible revenu, et à participer à l'initiative
"Assainissement et eau pour tous" lancée le 23 avril par des
gouvernements, des banques multilatérales, des agences des Nations unies
et des ONG travaillant dans le domaine de l'eau et de l'assainissement,
dans le but d'améliorer les performances insuffisantes du secteur.

Le manque d'engagement des bailleurs est "symptomatique d'un problème
plus vaste du système de l'aide humanitaire"
, estime cependant M.
Northover. "[Il existe une tendance] importante chez les bailleurs,
qui consiste à financer en masse [la lutte contre] les maladies ou des
secteurs du développement qui sont déterminés par leurs propres
préférences plutôt que par des preuves, ou par ce que disent les
pauvres".
Si les pays à revenu intermédiaire reçoivent la plus
grande partie de l'aide, c'est sans doute aussi parce qu'ils ont une
plus grande capacité à l'absorber, fait remarquer l’expert. Les
gouvernements des pays en développement ne donnent pas souvent la
priorité à l'eau et à l'assainissement, cela d’ailleurs parce que qu’ils
alignent leurs priorités sur ce qu'ils pensent être les priorités des
donateurs. Cependant, les bailleurs seraient aujourd’hui en train de
changer d'approche, et l'aide affectée au secteur serait en hausse.

IRIN – 22-04 2010